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Cap Horn en cargo




Toute la semaine, depuis ma récupération jusqu'au Cap Horn, le vent est resté entre 30 et 50 noeuds de N/O à Ouest, avec pluie et mauvaise visibilité et une mer toujours plus creuse. Même le Mineral Beijing avec ses 245 m de long et son tirant d'eau de 17 m donnait de sérieux coûts de gite.
Je pense à Chanik et Alizés2 juste derrière. Je ne sais pas s'il est possible d'avoir de meilleures conditions sur ce tronçon. J'ai souvenir, pourtant, en Patagonie, de longues périodes de calmes et de soleil. Et je me dis que c'est peut-être aussi bien d'avoir cassé là, ça aurait pu être pire après...
Cette fin janvier 2019 aura été sans répit.

Finalement, il est apparu, entre deux grains, à une vingtaine de miles, le Cap Horn, comme dans mon souvenir... Pas de photos, pas d'émotion particulière, juste la sensation d'échapper à mon destin. Le pays de l'ombre se referme ici, il a gardé mon trimaran.

La houle a enfin cessé, protégés par "Tierra del Fuego", nous commençons notre remontée vers le Nord.

Puis le Beagle s'est dévoilé sous un ciel plombé , presqu'à le toucher... Tant d'images me sont revenues, les restes d'un voyage magnifique. Le détroit de Lemaire, l'île des Etats toujours aussi inquiétante...

Retour en Atlantique... Les latitudes défilent... Le 40 Sud est derrière... La chaleur arrive. Nous allons ouvrir la piscine du bord pour profiter des tropiques.

Chaque membre de l'équipage m'a donné un vêtement pour que je m'habille. Un autre, des films en anglais que je peux regarder sur la télé du bord. Un autre, une petite enceinte avec une clé USB contenant des chansons françaises. Et le capitaine vient de trouver au fond de son ebook une collection de livres de littérature classique française. Je vais pouvoir lire "La princesse de Clèves".

Maintenant que la mer est calme, je passe mon temps sur le pont avec le Bosco et son équipe. Ce sont eux qui m'ont sorti de l'eau. Ils piquent la rouille toute la journée... n'en finissent pas de repeindre cette coque immense... J'aimerais bien les aider, mais je n'ai le droit de ne toucher à rien...

La Longue Route sera bouclée finalement plus rapidement que prévu, je ne l'avais jamais imaginée comme ça.

La magie de l'océan.

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